<h1>Noelfic</h1>

Kaileena,_l__Imperatrice_du_Temps_[V2]_


Par : Pseudo supprimé

Genre : Inconnu

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 16

La Soif

Publié le 19/08/13 à 01:13:48 par Pseudo supprimé

Le lendemain, Jägdish s'éveilla plus tôt que d'ordinaire. L'autobiographie de Kaileena le fascinait plus que ce qu'il l'aurait prédit. Allongé dans son grand lit d'étoffes et de pourpres, il fut extirpé de sa léthargie par la pensée de cet ouvrage mystérieux qui, la veille, l'avait laissé sur sa faim. Il se leva, prit sur sa table de chevet l'oeuvre qu'il avait pu ramener dans ses appartements, et s'installa à coté de son petit déjeuner pour en feuilleter quelques pages, jusqu'au premier cinquième environ.

Les premiers rayons du soleil étaient filtrés par les rideaux de sa suite. Il n'avait que très peu goûté au plat que les servantes lui avaient servis. A vrai dire, leur garniture n'était de toute manière pas très fournie. C'était là le fait de sa décision. Bien que cela le répugne, le vizir était désormais tenu de faire attention à son alimentation. Il avait du effacer de son menu la viande, les oeufs, les confiseries... Les sciences gastronomiques qu'il avait étudiées étaient parfois cruelles. Son régime était finement réglé pour son bien. Les privations étaient parfois ardues. Mais il était déterminé à faire avec.

De plus, la lecture de l'autobiographie le nourrissait mieux que n'importe quel autre festin. A mesure qu'il tournait les pages du manuscrit, il se prenait presque d'affection pour cette pauvre enfant abandonnée par le sort, scellée à travers l'espace et le temps dans les rouages de l'existence, mais pourtant consciente de sa toute puissance. Et cela l'intriguait, de découvrir comment vivre sous le joug d'un autre, malgré sa propre supériorité. Oh, Jägdish était plus ambitieux que ce que l'on pouvait penser, il ne se l'était jamais caché. Servir interminablement le maharadjah n'avait jamais été une fin en soi, pour sa soif de gloire. Il n'en avait cependant jamais mesuré la limite, compte tenu de ses actuelles préoccupations. Mais il songeait bien découvrir celle de l'Impératrice, à travers le récit de sa vie. Il était cependant encore bien loin de pouvoir s'imaginer où elle l'avait menée...

Il fallait dire que les chapitres qu'il lut en diagonale ne lui donnèrent pas une image très active de la petite enfant :
Vers les premières années de son apprentissage à la survie dans cette Île, Zohak fit tout pour la garder sous contrôle. Il avait prévu qu'il en allait de son intérêt de veiller à son émancipation, de garder une main mise sur la situation, afin que rien jamais ne dégénère. Kaileena n'était encore qu'une toute petite fille, innocente et insouciante. Elle mettait du temps à prendre conscience de son véritable pouvoir, mais Zohak, lui, s'en était aperçu bien plus tôt, le jour même où Kaileena avait commencé à marcher, à peine âgée de quatres mois. Depuis, il se doutait de ce dont elle était capable, même inconsciemment, pour évoluer. Sa naissance avait été illégitime, certes, mais cela n'enlevait rien à la grandeur de sa lignée. Tôt ou tard, l'hérédité de son père finirait par se manifester. Et il valait mieux pour le pauvre zervaniste que cet événement ne survienne pas de son vivant.
Ainsi, le prêtre établit des règles, afin de toujours être le maître de la situation. Kaileena n'avait pas eu trop de mal à imprégner la notion de tuteur, et ne put contester l'autorité justifiée du grand homme. Il put donc sans trop de difficultés lui imposer un couvre feu, une surveillance régulière, des déplacements réglementés dans toute l'Île, des lieux interdits d'accès... ainsi qu'un devoir social facilement implicite. Une liste entière avait été rédigée par l'Impératrice, dans ses écrits. Pendant très longtemps, la jeune fille les appliqua consciencieusement, sans rien juger d'elle-même. Les choses semblaient se dérouler pour le mieux. L'île était un jardin céleste, où Zohak était roi. Mais il arrive toujours un temps où l'esprit passe un cap, se métamorphose, se mue. Cette période porte communément le nom de puberté. Elle engendre alors une irrémédiable "soif de l'interdit."


Et cette soif elle-même appelle normalement une traversée : celle de la responsabilité. L'enfant devient adulte, par sa propre expérience, par ses propres erreurs. Cela nécessite de leur tourner le dos, pour s'élever de soi-même. Tourner le dos à son passé. Tourner le dos à sa jeunesse. Tourner la page. Changer de tome.

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